jeudi 29 novembre 2012

L'éclat du Khôl

 
"Tout le monde connaît le charme de ces yeux orientaux dont l'éclat s'augmente de cette ligne noire due à l'emploi du khôl, en usage dans tout le Levant. Cette invention donne à l'œil un attrait tout particulier, je ne sais quoi de léonin et d'un peu farouche qui anime ces petites mines douces et régulières"
Eugène Delacroix.
 
 

La légende raconte que lorsque l'éclat du Seigneur parut sur le mont du Sinaï, il embrasa la montagne entière et en calcinant toutes ses pierres, les transforma en khôl...

Le khôl est une fine poudre dont la couleur varie du bleu nuit irisé au noir profond en passant par le gris anthracite. Elle est obtenue en broyant de l'antimoine, un minéral métallisé.
 

Au-delà des légendes... les vertus thérapeutiques du Khôl
 
On raconte aussi que la première personne qui s'en servit fut une femme yéménite. Elle usait du Khôl pour dissimuler une infection chronique qu'elle avait aux paupières et finit par en guérir complètement ! Le khôl était en effet appliqué à des fins purifiantes, pour soigner des conjonctivites, des irritations et des rougeurs de l'oeil. L'utilisation du khôl chez les peuples orientaux avait donc, d'abord, une raison pratique : il était réputé protéger des infections oculaires, mais aussi du vent sablonneux et de la lumière ardente du désert. D'ailleurs, les hommes et les enfants (bédouins, berbères et touaregs en particulier) l'utilisaient aussi. Au septième jour d'un nouveau-né, la Kabla mettait du khôl au bébé, afin de protéger ses yeux fragiles des piqûres d'insectes et les conjonctivites.

Dernier rempart de séduction des femmes voilées du Ajjer (touaregs), les yeux étaient la seule partie du visage qu'elles pouvaient découvrir. Il n'y avait pas de femme qui n'eût en sa possession une de ces fioles remplies de poudre noire.
 


La préparation du khôl

La recette de cette poudre varie de l'Irak au Maroc, chaque région et chaque femme avait sa propre recette, ses propres secrets. L'une des recettes classique consistait à mélanger en proportions égales de la Toutia (sulfate de cuivre), du Cheub (alun calciné), du Zenjar (carbonate de cuivre) et quelques clous de girofle, puis de réduire les différents ingrédients dans un mortier. Au Maroc, on y ajoutait même quelques gouttes d'huile d'olive pour le rendre plus doux à l'application. Puis on recueillait la poudre dans un vase en terre, que l'on exposait à une petite flamme. Après quoi, on la tamisait à travers un mouchoir.


La fine poudre noire recueillie était enfermée dans de petites fioles, appelées Mekhal.



Ces fioles étaient fabriquées dans des matières aussi diverses que le verre, le plomb, le cuivre, l'argent ou l'or pour les plus riches... le Mekhal étant considéré comme un accessoire de luxe. La femme orientale appliquait le khôl à l'aide d'un bâtonnet à l'embout arrondi, le Meroued, en bois, ou mieux, en mérold, c'est-à-dire fabriqué à base de corne de mouton.


L'application du khôl


   


La femme orientale fait glisser adroitement le bâtonnet sur sa paupière inférieure en la tirant vers l'extérieur, les yeux clos de préférence, pour que le fard s'estompe et donne aux yeux un aspect velouté.




 

 

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